Miel de Châtaignier ou Miel de Manuka

Le miel de manuka est le miel médical le plus réputé pour soigner des plaies. Il est produit par des abeilles qui butinent les fleurs de manuka, un arbuste originaire de Nouvelles-Zélande. Ce miel est réputé pour ses propriétées antibactériennes uniques grâce à la présence de méthylglyoxal (MGO), un composé chimique organique. Cette substance se trouve à une concentration variable en fonction du fait qu'il s'agisse d'un jeune miel ou d'un miel tardif. Cette variation peut aller de 48mg/kg à 835 mg/kg. En conclusion, la seule appellation miel de manuka ne suffit pas à garantir une efficacité clinique pour traiter des plaies.

Le miel de châtaignier quant à lui, est produit grâce à des abeilles qui vont venir butiner uniquement des fleurs de châtaignier. Ce phénomène est possible car la floraison du châtaignier est tardive (début juillet). Le miel de châtaignier est aussi réputé pour ses propriétés médicinales, grâce à une enzyme : la glucose-oxydase (GOX) qui est sécrétée par les glandes hypopharyngées des abeilles lors de la transformation du nectar en miel. La fleur de châtaignier contient un acide unique (l'acide kynurénique) qui permet de booster la production de cette enzyme chez l'abeille. Cela permet d'atteindre des concentrations suffisantes pour garantir un effet clinique dans la cicatrisation.

L'enzyme GOX permet de produire de l'eau oxygénée lorsque le miel entre en contact avec la plaie (voir blog Molécules) via une réaction d'oxydation. Cette enzyme n'est pas active dans le miel de manuka dû à l'interaction entre le miel et le méthylglyoxal (MGO).


Pourquoi le miel doit-il contenir une substance antibactérienne pour traiter une plaie?

Le miel est principalement composé de sucres (+-80%). Si ces sucres permettent aux cellules de la peau de se régénérer en leur apportant un apport énergétique, ils contribuent aussi à la prolifération des bactéries! C'est pourquoi il est essentiel que le miel contienne une substance antibactérienne pour éviter la prolifération de ces bactéries. Il existe très peu de miels à "l'état naturel" qui sont suffisamment riches éviter le développement des bactéries.


Comparons maintenant les deux miels

Concentrons-nous sur les différences entre les deux miels. Dans le miel de manuka, l'activité antibactérienne est principalement liée au Methylglyoxal (MGO), celle-ci a des propriétés antibactériennes. Cependant, le MGO désactive l'enzyme de glucose oxydase (GOX), qui est censée créer une réaction d'oxydation afin de produire de l'eau oxygénée (H2O2). Le miel de châtaignier quant à lui, permet cette réaction d'oxydation et donc la création d'eau oxygénée. Grâce à l'eau oxygénée la plaie va se désinfecter plus rapidement. Le miel de châtaignier contient plus de minéraux que le miel de manuka, il contient aussi de la proline , des éléments clés lors de la cicatrisation de plaies. Il y a aussi dans le miel de châtaignier une présence d'adénosine monophosphate (AMP), celle-ci joue un rôle dans le métabolisme cellulaire. La molécule KYNA fait référence à l'acide kynurénique. Celle-ci est présente dans le miel de châtaignier. L'acide kynurénique a une activité bactéricide. Les acides kynuréniques sont des antagonistes non-compétitifs aux récepteurs NMDA. Ils vont réduire l'irritabilité aux récepteurs de la douleur. Ils ont donc une action antinociceptive (anti-douleur).De plus, l'acide kynurénique va venir interrompre le quorum bactérien et stopper la formation du biofilm en perturbant la communication entre les bactéries.


Chez les patients diabétiques...

L'utilisation du miel de manuka n'est pas recommandée chez tous les patients. En effet, chez les patients diabétiques, le méthylglyoxal (MGO) peut entrainer des complications micro-vasculaires et influencer négativement la cicatrisation chez le patient. Cela peut aussi provoquer une hypersensibilisation des récepteurs à la douleur chez le patient.

Étant donné que le miel de châtaignier ne contient pas de méthylglyoxal (MGO) contrairement au miel de manuka, il n'entraine pas de complications micro-vasculaires. En conclusion, il n'altère pas la cicatrisation des plaies.


Accélération de la cicatrisation

La proline joue un rôle essentiel pour accélérer la cicatrisation (Référence à l'étude Ponrasu). Le miel de châtaignier que nous avons sélectionné est très riche en proline (500 à 1000 mg/kg). Au contraire, le miel de manuka, du fait de la présence de MGO, voit l'action de la proline inhibée.